La famille de Menthon
“Si j’excepte les maisons souveraines de Savoie, Genevois, Faucigny, aucune famille dans le duché ni dans le comté de Genevois, ne peut prouver, comme Menthon, une puissance féodale plus considérable au XIIIème siècle”… Ainsi parlait Amédée de Foras, historien et héraldiste spécialiste de la Savoie, à propos des Menthon.
Famille noble d’extraction chevaleresque, ses premiers membres seraient d’abord arrivés de la Bourgogne et, si l’on remonte à 1190 environ, jusqu’à un certain Jean de Menthon, on peut néanmoins considérer qu’elle avait déjà acquis une puissance certaine avant l’An 1000. C’est à la faveur d’une natalité exceptionnelle – plus particulièrement au cours des XIIIe et XIVe siècle –, que les Menthon assoient durablement leur influence. Ainsi, en dehors de la branche aînée, la famille comptera plusieurs autres branches : les Menthon-Rochefort, les Menthon-Dingy, les Menthon du Marest, les Menthon-la-Balme, les Menthon-Beaumont-Montrottier, les Menthon-Lornay, les Menthon d’Aviernoz…
Au fil des siècles
Au cours des siècles, de nombreux Menthon ont joué un rôle important dans le Comté de Genève d’abord, le Duché de Savoie ensuite et enfin la France. Citons, entre autre, Henri de Menthon bailli du Pays de Vaud, Nicod de Menthon, gouverneur de Nice et amiral de la flotte envoyée par le Concile de Bâle à Constantinople, Bernard VI de Menthon, qui en 1613 lors de sa nomination comme colonel du régiment de Genevois fit don d’un “grand pré que l’on appelle Pâquier” aux jeunes membres de la compagnie des chevaliers tireurs pour leur entraînement. Et plus près de nous, François de Menthon, oncle des propriétaires actuels, l’un des fondateurs de la Résistance française, compagnon de la Libération, ministre de la Justice du Général de Gaulle, procureur français au Tribunal militaire de Nuremberg et premier Président du Conseil de l’Europe, après avoir activement participé à la création de l’Europe. Son fils Olivier de Menthon (1935-2016), bâtisseur dans l’âme, mena une importante campagne de restauration du domaine (toitures, esplanade, salle de réception…) pour lui donner son aspect actuel.
Saint Bernard de Menthon
Si l’on peut faire remonter aux alentours de 1190 l’existence d’un seigneur de Menthon, la famille a dû habiter l’endroit bien avant, puisque saint Bernard de Menthon y serait né en 1008, d’après la tradition
Parmi les archives du château de Menthon, un texte raconte la légende de Saint Bernard de Menthon. Bernard, qui fut très tôt attiré par la vie religieuse, n’en était pas moins destiné par ses parents à épouser une riche et noble héritière, Marguerite de Miolans. L’histoire raconte que la veille de son mariage, alors qu’on l’avait enfermé, Saint Nicolas lui apparut et lui dit “Jette-toi par la fenêtre, des anges te retiendront”. Les barreaux se plièrent, et Bernard sauta pour rejoindre Aoste où il devint archidiacre de l’évêque diocésain.
Alors qu’il était témoin des dangers de la montagne, Bernard devint l’homme qui délivrait les cols alpins afin de les rendre sûrs. Il faut dire que les zones de haute montagne furent de tout temps des lieux de passages fréquentés. Afin de permettre aux voyageurs d’échapper aux pillages, et parfois même à la mort puisqu’il n’était pas rare de s’égarer en chemin, il fonda les hospices du Grand-Saint-Bernard sur l’ancien Col du Mont-Joux – entre Martigny dans le Valais et le Val d’Aoste – ainsi que les hospices du Petit-Saint-Bernard – entre la Tarentaise et le Val d’Aoste –. Le développement du commerce et des pèlerinages en sera par la suite grandement favorisé. Soldat de la charité, homme de courage, Saint-Bernard aura consacré son existence à une double mission d’hospitalité et de louange. Un esprit d’accueil toujours entretenu par les chanoines du Grand-Saint-Bernard.